La Chine fait face à des difficultés économiques majeures depuis 2020. Les effets prolongés des confinements dus à la pandémie de Covid-19 et la crise du secteur immobilier ont considérablement affaibli le sentiment des consommateurs chinois ces dernières années.
Pour relancer son économie, Pékin a mis l'accent sur la stimulation de l'offre, cette fois-ci dans son secteur manufacturier (dans les infrastructures et l’immobilier après la crise financière de 2008).
Cette stratégie a entraîné une accélération de la production industrielle du pays par rapport à son rythme pré-covid alors que dans le même temps, la consommation des ménages a du mal à retrouver son rythme pré-covid. La production industrielle chinoise a augmenté d’environ 40% par rapport à son niveau pré-covid, contre seulement 20% pour la consommation. Le graphique de Bloomberg ci-dessous illustre bien ce changement de dynamique entre la production et la consommation.
L'excès de production en Chine (la différence entre ce qui est produit et ce qui est consommé localement) a naturellement été exporté, portant la balance commerciale à un excédent record (99 milliards de dollars sur le seul mois de juin), ce qui a intensifié les tensions commerciales. Washington et Bruxelles ont augmenté les tarifs douaniers sur les véhicules importés de Chine, et d'autres pays, y compris en Asie, refusent également de devoir absorber cet excès (l'Indonésie a annoncé son intention d'imposer des droits de douane allant jusqu'à 200%).
Il est important de comprendre que l'énorme excédent commercial de la Chine (et de quelques autres pays) a des répercussions importantes sur le reste du monde. Les pays qui sont contraints d'absorber cet excédent le font au détriment de leurs propres industries (augmentation du chômage) ou doivent stimuler la demande pour atténuer les effets (hausse de la dette public/privé).
Pour que la Chine continue sur cette voie, le reste du monde doit continuer à s'adapter en augmentant encore sa consommation et en réduisant encore sa part de production manufacturière par rapport au PIB.
Parce que cette trajectoire est insoutenable sur le long terme (le reste du monde ne tolérera pas la Chine produire pour l’ensemble du monde), Pékin n’a plus qu’un seul levier pour soutenir sa croissance : la demande (consommation).
Pour cela, le Parti communiste chinois devra changer de logiciel en diminuant les transferts directs et indirects des ménages vers les industriels. Les idées sont multiples, comme des chèques de relance aux ménages, des droits sociaux renforcés des travailleurs ou une hausse du yuan.
Un soutien aux ménages chinois permettrait non seulement de booster l’économie, mais également de diminuer les tensions commerciales étant donné que la balance commerciale chinoise devrait diminuer.
Le marché boursier chinois semble être dans l’attente de mesures de soutien à la demande. Il ne serait pas surprenant de voir le marché entrer dans une phase de « bull market » une fois que Pékin annoncera des politiques de stimulation de la demande (potentiellement avant la fin de l’année afin que la Chine atteigne l’objectif de croissance de 5% du PIB fixé par le Parti).
Excellent et succinct, merci pour la mise en exergue de ces éléments.